En France l'avortement reste menacé
- Par femmessolidaires
- Le dimanche, 09 mars 2014
Société - le 8 Mars 2014
Caroline Rebhi, membre du Planning familial, fait le point sur les attaques contre le droit à l'avortement en France et souligne tout de même des avancées.
«Le droit a l’IVG a été renforcé récemment en France en enlevant, dans la loi, la notion de détresse comme condition pour y avoir recours. Depuis avril 2013, le remboursement à 100 % par la Sécurité sociale a aussi été acquis. Malgré tout, ce droit reste menacé. Lors des échographies, certains professionnels continuent de suggérer à la femme de garder l’enfant, la mettant mal à l’aise pour demander une IVG. D’autres médecins, de plus en plus nombreux, invoquent leur clause de conscience pour ne pas appliquer la loi de 2001 qui a repoussé le délai d’avortement de douze à quatorze semaines d’absence de règles.
Autre difficulté : certains praticiens ne laissent pas suffisamment le choix sur la méthode d’avortement. En dessous de sept semaines, on va imposer la méthode médicamenteuse plutôt que chirurgicale, car moins coûteuse. Or les femmes ne savent pas forcément que cela provoque une fausse couche, ce qui est loin d’être anodin et ne peut être choisie qu’en toute connaissance de cause. Enfin, l’IVG est menacée par un trop faible budget : 110 centres ont fermé depuis dix ans, il n’y en a même plus un par département. Il y a une inégalité territoriale. Dans certains hôpitaux, en août et pendant les fêtes, les délais d’attente dépassent trois semaines ! Il faut donc redonner des moyens. Il est aussi indispensable de créer des centres IVG autonomes dans l’hôpital avec du personnel formé pour mieux accompagner les femmes. Enfin, il faut arrêter de les culpabiliser avec l’avortement sous prétexte qu’il existe beaucoup de moyens de contraception. L’IVG est un droit.»