Le New Statesman nous raconte l'histoire de la docteure Lima (un pseudonyme), une médecin afghane qui s'est spécialisée en gynécologie, "la dangereuse profession qui consiste à offrir à des femmes désespérées l'accès à la contraception et à l'avortement", dans un des pays au monde où la liberté de la femme est la plus restreinte, à tous les niveaux de la société.
"Quand j'ai commencé à travailler, je n'aidais pas les gens qui venaient me voir pour un avortement", se souvient-elle. Tout a changé en 2006 lorsqu'elle a vu un cas qui illustrait "l'échelle dévastatrice des difficultés auxquelles font face les femmes afghanes".
"La fille était enceinte et avait 17 ans. Lorsque ses parents l'ont appris, ils lui ont fait ingérer un médicament sans lui dire, pour l'affaiblir. Le médicament leur permettrait de l'étouffer plus facilement avec un oreiller. Après cela, j'ai décidé d'aider des gens comme elle."
Histoires horribles, grenades et protection policière
Incontestablement, la situation des femmes s'est améliorée depuis la chute du régime taliban en 2001. A l'Assemblée nationale, dans la police ou dans la justice, elles sont de plus en plus présentes. Dans l'enseignement, 40 % des élèves du primaire et du secondaire sont des filles, et la Constitution adoptée en 2003 a sanctuarisé le droit des femmes.
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Mais ces progrès sont limités aux grandes villes et n'ont touché que superficiellement l'arrière-pays rural, où le gouvernement afghan a peu d'influence. Dans la grande partie du pays, les jeunes filles n'ont accès ni à l'éducation ni au monde du travail, et encore moins à la contraception ou à l'avortement. Et lorsqu'elles tombent enceintes hors du mariage, le plus souvent après un viol, elles sont tuées, avec leur violeur.
Après avoir exercé dans les villes, la docteure Lima a décidé de se rendre dans l'est de l'Afghanistan, dans les régions pauvres frontalières avec le Pakistan où l'influence islamiste est considérable et "où le respect pour le droit des femmes est presque inexistant", notre le New Statesman. Elle y a aidé des filles violées à avorter secrètement et des femmes mariés à utiliser des méthodes de contraception sans que leurs maris ne le sachent.
Elle a surtout été confrontée à des histoires terribles, à l'aune desquelles elle mesure le chemin qui reste à parcourir à son pays.
Comme cette femme, "une mère de six enfants qui avait été emprisonnée avec le bétail par son mari qui s'était remarié. Quand elle venue me voir, je l'ai aidée à entrer en contact avec le ministère des affaires des femmes et après plusieurs mois de paperasse, elle a finalement obtenu le droit de divorcer."
Le travail de Mme Lima, discret, presque secret, puisque seule elle et son mari sont au courant, a fait d'elle une cible pour les islamistes. Très vite, elle a commencé à recevoir des menaces de mort : "Ils disaient que ce que je faisais n'était pas islamique." En 2009, les menaces se sont concrétisées : une grenade lancée par les talibans dans le jardin de sa maison blesse sérieusement son fils de 11 ans. Six mois plus tard, son frère de 22 ans est tué dans une attaque similaire devant la clinique dans laquelle elle exerce.
Depuis, la docteure vit avec sa famille dans un endroit tenu secret, sous protection policière. Mais son envie d'aider les femmes de son pays n'est en rien entamée :
"Mon fils est blessé et mon frère est mort à cause de mon travail, mais je n'ai jamais abandonné. Ces activités ne peuvent être faites sans souffrance. En Afghanistan, toutes les femmes souffrent."
En Israël seuls les hommes peuvent demander le divorce!!!